Les États-Unis et le Qatar menacent l’UE sur les questions énergétiques et commerciales

Les États-Unis et le Qatar menacent l’Europe de réduire leurs livraisons de gaz si Bruxelles ne revoit pas sa directive sur la durabilité des entreprises, un texte jugé trop contraignant pour leurs exportations.
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  1. Les États-Unis et le Qatar menacent de revoir leurs exportations de GNL vers l’Europe si la directive européenne sur la durabilité des entreprises (CSDDD) n’est pas assouplie.
  2. Washington et Doha estiment que la directive pourrait nuire à la compétitivité européenne et freiner leurs exportations, alors que l’UE dépend à plus de 30 % de leur gaz depuis la fin des importations russes.
  3. Plusieurs dirigeants européens, dont Macron et Merz, appellent à temporiser l’application du texte, craignant un bras de fer commercial avec leurs alliés énergétiques au moment où la sécurité d’approvisionnement reste fragile.

Les États-Unis et le Qatar brandissent la menace énergétique contre l’Europe

Washington et Doha viennent de hausser le ton. Les deux géants de l’énergie avertissent Bruxelles : si l’Union européenne ne revoit pas sa directive sur la durabilité des entreprises, la sécurité énergétique du continent pourrait vaciller. Au cœur du débat : la Corporate Sustainability Due Diligence Directive (CSDDD), un texte qui impose aux grandes sociétés, y compris étrangères, de prouver que leurs chaînes d’approvisionnement respectent les droits humains et l’environnement.

Le gaz, nouveau levier de pression

L’Europe n’a jamais été aussi dépendante du gaz américain et qatari. Depuis la guerre en Ukraine, le GNL des États-Unis représente environ 16 % des importations européennes, celui du Qatar près de 14 %. Ensemble, ils ont permis au Vieux Continent de se passer (presque) du gaz russe. Mais cette alliance énergétique repose désormais sur une ligne de fracture : la CSDDD.

Selon les ministres de l’Énergie américain et qatari, la directive « menace la croissance, la compétitivité et la résilience » du marché européen. Plus grave encore, elle pourrait freiner leurs exportations de gaz naturel liquéfié, vitales pour éviter une nouvelle crise énergétique.

Cela intervient à un moment critique où nos pays et nos entreprises s’efforcent non seulement de maintenir, mais aussi d’augmenter considérablement l’approvisionnement fiable en GNL de l’UE.

Une loi aux effets tentaculaires

La directive, qui entrera progressivement en vigueur à partir de 2027, prévoit des amendes pouvant atteindre 5 % du chiffre d’affaires mondial pour les entreprises fautives. Surtout, elle s’applique aussi aux sociétés étrangères générant plus de 450 millions d’euros de revenus dans l’UE, une clause que Washington qualifie d’« extraterritoriale ».

Concrètement, une major pétrolière américaine ou qatarie pourrait être sanctionnée pour des pratiques environnementales jugées non conformes, même en dehors du territoire européen. Pour Doha et Washington, c’est un précédent dangereux.

Un bras de fer diplomatique

Les deux pays demandent désormais à Bruxelles d’ouvrir des discussions urgentes. Sans assouplissement, préviennent-ils, les investissements, l’emploi et même les contrats commerciaux pourraient être menacés. En coulisses, certains observateurs évoquent déjà la possibilité de représailles commerciales, voire de tarifs douaniers ciblés sur les produits européens.

L’avertissement intervient alors que plusieurs dirigeants européens, dont Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz, ont appelé à ralentir la mise en œuvre de la CSDDD, craignant un impact négatif sur les entreprises locales.

Entre transition verte et réalpolitik

L’Europe se retrouve coincée entre deux impératifs : maintenir son leadership dans la lutte contre le changement climatique, tout en garantissant un approvisionnement énergétique stable. Après avoir promis de supprimer d’ici 2027 les 19 % de gaz encore importés de Russie, le Vieux Continent ne peut se permettre un nouveau choc d’approvisionnement.

Cette tension révèle un paradoxe profond : à force de vouloir moraliser les chaînes de production, l’Europe risque de fragiliser sa propre autonomie énergétique. Et dans un monde où le gaz reste roi, les grandes puissances productrices savent parfaitement jouer de la dépendance européenne pour faire entendre leur voix.

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