- Arjun Sethi, co-PDG de Kraken, critique la régulation crypto britannique, qu’il juge excessive et paralysante pour l’innovation. Les avertissements imposés rappellent selon lui les paquets de cigarettes et découragent les utilisateurs.
- Depuis les nouvelles règles de la FCA, près de 75 % des produits crypto disponibles aux États-Unis ne sont plus accessibles au Royaume-Uni, ce qui affaiblit sa compétitivité et pousse les investisseurs à se tourner vers d’autres juridictions.
- Tandis que la FCA assume sa ligne dure, Kraken poursuit son expansion avec une future introduction en bourse à New York et une plateforme d’actions tokenisées, symbole de sa stratégie tournée vers les marchés américains.
Le ton est donné. Arjun Sethi, co-PDG de Kraken, s’en prend frontalement aux règles imposées par le Royaume-Uni sur la promotion des actifs numériques. Selon lui, ces restrictions freinent l’innovation, bloquent les utilisateurs et créent un environnement anxiogène autour de la crypto.
« C’est comme un paquet de cigarettes »
Aujourd’hui, au Royaume-Uni, chaque site crypto affiche l’équivalent d’un avertissement sur un paquet de cigarettes : « utilisez-ceci et vous allez mourir.
Pour lui, ces messages alarmistes n’aident en rien les consommateurs. Pire : la lourdeur des processus les pénalise.
Les investisseurs britanniques doivent désormais passer par jusqu’à quatorze étapes avant de pouvoir acheter un simple token. Entre formulaires, tests de connaissance et avertissements à rallonge, les transactions prennent un temps fou. « Les disclosures sont importantes, mais trop de friction tue l’expérience », résume le dirigeant.
Une régulation qui bride trois quarts du marché
Depuis l’entrée en vigueur des nouvelles règles de la Financial Conduct Authority (FCA) fin 2023, les plateformes doivent afficher des avertissements détaillés, bannir les promotions incitatives et vérifier la compréhension des risques de chaque utilisateur. Résultat : selon Sethi, les Britanniques ont perdu l’accès à près de 75 % des produits crypto disponibles aux États-Unis.
Sur Kraken UK, impossible d’accéder à certains rendements issus de la DeFi ou à des programmes de prêts pourtant standards outre-Atlantique. Une différence de traitement qui, selon lui, freine la compétitivité du marché britannique et pousse les investisseurs vers des juridictions plus ouvertes.
La FCA reste inflexible
De son côté, le régulateur défend son approche. La FCA affirme que ces règles garantissent une meilleure compréhension des risques et ne cache pas son parti pris :
Certains consommateurs décideront que la crypto n’est pas faite pour eux, c’est exactement ce que nous voulons.
Un discours difficile à avaler pour une industrie qui voit dans ces mesures une barrière plus politique que protectrice.
Pendant que Londres resserre la vis, Washington fait l’inverse. Sous l’administration Trump, les signaux envoyés au secteur crypto sont bien plus favorables, et plusieurs dirigeants appellent déjà le Royaume-Uni à revoir sa copie.
Kraken se tourne vers Wall Street
Malgré ces vents contraires, Kraken continue d’étendre ses ambitions. La plateforme, fondée en 2011 et classée parmi les 15 plus grands exchanges mondiaux, prépare discrètement son introduction en bourse à New York.
En parallèle, l’entreprise développe sa bourse d’actions tokenisées, qui permet de trader des versions numériques d’actions cotées. Contrairement à Robinhood, Sethi exclut d’y intégrer des parts d’entreprises privées comme OpenAI : « C’est une idée terrible : les investisseurs risqueraient de se retrouver bloqués sans liquidité. »
